Après plusieurs années de léthargie, la production de matières premières est de nouveau sous pression, générée par plusieurs facteurs conjoncturels et structurels qui semblent jouer de manière concomitante depuis le début de l’année 2017 :
MATIERES PREMIERES ET POLITIQUE CHINOISE
Le président chinois, Xi-Jinping, a déclaré l’environnement comme priorité nationale, craignant que ce sujet ne devienne source d’une contestation politique croissante et déstabilisante.
Aussi, les 18 juillet et 15 novembre derniers, la Chine a-t-elle fait deux notifications à l’OMC sur des projets de nouveaux standards d’acceptation des déchets recyclables non interdits à l’import mais soumis à restrictions d’importations à partir de 2018. Les restrictions s’appliqueront aux déchets importés (plastique, papier, métaux ferreux, métaux non-ferreux) qui devront respecter des seuils d’impuretés stricts.
Par ailleurs, le gouvernement freine les projets d’investissement dans l’exploitation des matières premières des entreprises chinoises à l’étranger pour les inciter fortement à investir dans le recyclage sur leur marché domestique.
L’objectif est de baisser significativement la pollution dans le pays tout en développant une filière industrielle domestique du recyclage, et se traduit par la fermeture rapide de certains sites polluants alors même que des alternatives de production et de traitement ne sont pas encore prêtes à prendre la relève.
Un des exemples des conséquences de cette politique est l’arrêt brutal de capacités de production de graphite d’où l’envolée des prix des électrodes, mais pourrait avoir d’autres impacts sur les entreprises françaises.
FLAMBEE DES ELECTRODES DE FOURS
Suite à la fermeture d’un des plus gros fabricants mondiaux de graphite par les autorités chinoises pour raison environnementale et aux dégâts occasionnés par l’ouragan Harvey chez les producteurs américains, le prix des électrodes de fours a littéralement explosé en quelques semaines.
La cherté des approvisionnements en électrodes touche de plein fouet la sidérurgie mais aussi la fonderie qui l’utilise dans ses fours de fusion. Cette situation risque de perdurer tant que l’équilibre ne s’est pas rétabli en termes de capacités mondiales de production.
TENDANCE HAUSSIERE SUR TOUS LES METAUX, FERREUX ET NON FERREUX
En Avril dernier, la Banque mondiale tablait ainsi sur une progression de 16 % en moyenne des cours des métaux industriels en 2017, après des hausses comprises entre 14% à 60% selon les métaux, ce que semble confirmer les analystes et l’évolution des cours tout au long de l’année.
NICKEL : Les Philippines sont le 1er producteur mondial de minerai de nickel, ayant représenté 22% de la production mondiale en 2016 soit 500 000t, en progression de 320 000t depuis 2010. 95% de sa production est exporté vers la Chine.
Le prix du nickel a connu de fortes variations baissières au 1er semestre sous l’influence de l’allègement des restrictions indonésiennes et du fléchissement de la demande d’inox. Néanmoins, la demande structurelle devrait durablement être orientée à la hausse sous l’effet de l’augmentation des besoins en nickel, notamment pour les batteries électriques qui représentent actuellement seulement 2-3% des usages.
CUIVRE : En 2016, les prix se sont accrus lors de l’élection présidentielle américaine dans un contexte de pénurie structurelle liée à de mauvaises conditions d’exploitation en 2015 (grèves, mauvais temps sur les mines). Depuis, le Pérou a augmenté sa production sous l’influence de la demande chinoise.
En 2017, la production chilienne a diminué de 60% à cause de grèves au 1er trimestre. Pour le moment, la demande chinoise est plutôt contenue suite à la régulation de la construction par le gouvernement chinois. Selon les prospectivistes, une pénurie pourrait intervenir à l’horizon 2020. En France, il est anticipé de forts besoins dus au renouvellement des installations SNCF.
Selon une étude réalisée en juin 2017 pour le compte de l’International Copper Association, le développement du marché des voitures et bus électriques devrait entrainer une demande passant de 185 000 tonnes actuellement à 1,74 millions de tonnes d’ici 10 ans, ce qui représenterait 6% de la demande mondiale.
COBALT : Malgré le quadruplement des capacités de raffinage en 5 ans par la Chine, la demande croissante, estimée à 7% par an, dans tous ses usages anciens ou nouveaux (batteries lithium-ions pour stockage, superalliages +4%/an, pigments, carbures, catalyse), risque de peser sur l’offre.
FERRAILLES : Stimulée par le renouveau de la demande sidérurgique française et européenne, la demande de volumes de ferrailles s’est globalement accrue sur l’année 2017, ponctuellement influencée par les besoins de la sidérurgie turque.
Crédit photo: fablok
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28 octobre 2024
Climat des affaires dans l’industrie européenne de la fonderie en septembre 2024
L’indice FISI (Foundry Industry Sentiment Indicator) est publié chaque mois par l’association européenne de fonderie EFF (ex-CAEF) à partir des réponses des organisations membres, dont la Fédération Forge Fonderie, sur le climat des affaires dans le secteur de la fonderie (fonte, acier et non-ferreux) à date et leurs attentes pour les six prochains mois.
Télécharger les résultats de l’indice FISI de septembre 2024 ICI En septembre 2024, l’indice FISI a connu une nouvelle baisse, passant à 93,8 points d'indice. Cela représente une baisse de 1 point par rapport au mois précédent (94,8), confirmant la tendance progressive à la baisse observée ces derniers mois. La baisse récente des prix des matières premières, y compris de la ferraille, a été bénéfique en termes de réduction des coûts. Mais elle a été éclipsée par la faiblesse de la demande dans de nombreuses industries. Le secteur de la construction, l'un des plus grands consommateurs de produits de fonderie, est particulièrement touché. Il continue à faire face à un ralentissement prolongé, alors que les taux d'intérêt élevés et les budgets plus serrés limitent les nouveaux investissements. Les inquiétudes liées à l'évolution du paysage économique incitent à une plus grande prudence dans le secteur de la fonderie. Les changements anticipés au sein de la Commission européenne et les prochaines élections présidentielles aux États-Unis ont incité les entreprises et les clients à retarder les engagements à long terme jusqu'à ce qu'il y ait plus de clarté sur les changements possibles de politique. Les fonderies d'acier et de fer, qui dépendent de la demande stable de secteurs tels que l'automobile et la mécanique, ressentent ces effets de manière plus aiguë. En revanche, les fonderies de métaux non ferreux, qui bénéficient d'une demande plus régulière pour des applications variées, sont un peu plus stables, mais restent affectées par l'hésitation générale du marché. Bien qu'il existe des motifs d'optimisme quant à une reprise progressive, l'industrie européenne de la fonderie reste sous l'influence des pressions économiques mondiales et régionales, et de nombreuses entreprises s'attendent à des fluctuations constantes du marché à l'horizon 2025. L’indice BCI a enregistré en septembre un net recul, passant de -0,62 à -0,73 points d’indice, ce qui témoigne de l'aggravation des difficultés rencontrées par l’industrie européenne. Cette baisse significative reflète une combinaison d'obstacles persistants : une demande particulièrement faible dans des industries clés, telles que l'automobile et la méacanique, et une approche prudente parmi les fabricants confrontés à la fois à une demande mondiale atone et à des coûts de production élevés. La faible croissance économique de l'Europe, due en partie à l'affaiblissement de la reprise post-pandémique en Chine, a exacerbé le manque de demande à l'exportation, qui reste cruciale pour de nombreux fabricants européens. En outre, l'inflation dans la zone euro, bien que ralentie, continue d'avoir un impact sur la confiance des consommateurs et des industriels. Les ajustements de la chaîne d'approvisionnement, ainsi que des préoccupations structurelles plus larges telles que la transition écologique et l'augmentation des coûts de la main-d'œuvre, continuent de peser lourdement sur le sentiment. Par conséquent, de nombreuses entreprises hésitent à augmenter leur production ou leurs investissements, dans l'attente de signes plus clairs de stabilité économique et d'orientations politiques de la part de la prochaine Commission européenne. Source : Traduction du communiqué CAEF (https://www.caef.eu/european-foundry-industry-sentiment-59/)
(*) Indice BCI : Business Climate Indicator. Indice de l’évolution du secteur manufacturier en zone euro publié par la Commission européenne à partir d’enquêtes sectorielles (tendances de la production ; carnets de commandes ; carnets de commandes à l'exportation ; stocks ; attentes en matière de production).
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